Les enfants végétariens ont-ils des carences en fer ?

On entend parfois que les enfants végétariens ont des carences en fer. Est-ce vrai ?
Ça peut arriver
Résumé
Des carences en fer sont plus courantes chez les enfants et ados végétariens (environ 9% des enfants végétariens).
Il semble qu’il n’a pas été trouvé de carences graves dans les études sur les enfants végétariens.
Certains spécialistes conseillent de surveiller régulièrement le statut en fer des enfants afin de mettre en place au plus vite une supplémentation en cas de carence. D’autres conseillent plutôt de consulter en cas de symptômes (pâleur, fatigue, essoufflement à l’effort, maux de tête, sensation de « tête qui tourne »[1]https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/anemie-carence-fer/symptomes-diagnostic).
Il pourrait être possible que certains enfants adaptent leur métabolisme au manque de fer et n’en souffrent pas.
Les jeunes adolescentes sont davantage sujettes à une carence en fer du fait de leurs règles.
Les aliments végétaux qui contiennent le plus de fer
La vitamine C (des fruits par exemple) dans le même repas ou dans l’heure qui suit aide à absorber le fer.
Le thé dans le même repas ou dans l’heure qui suit réduit l’absorption de fer.
Le surdosage en fer serait une cause « fréquente » de décès par empoisonnement chez les enfants.
Traduction des études
Population générale
https://doi.org/10.1093/ajcn/59.5.1233S
1994
Un régime végétarien bien équilibré et bien planifié est compatible avec un statut en fer adéquat. Bien que les réserves de fer des végétariens puissent être réduites, l’incidence de l’anémie ferriprive chez les végétariens n’est pas significativement différente de celle des omnivores.
Alors que les phytates, les polyphénols et d’autres constituants végétaux présents dans les régimes végétariens inhibent l’absorption du fer non hémique, la vitamine C, l’acide citrique et d’autres acides organiques facilitent l’absorption du fer non hémique.
https://doi.org/10.1301/00296640260093788
2002
Bien que les végétariens aient des réserves de fer plus faibles, les effets néfastes sur la santé d’une faible absorption de fer n’ont pas été démontrés avec des régimes variés à base de plantes consommés dans les pays développés.
Des méthodes d’évaluation et de surveillance améliorées sont nécessaires pour détecter et prévenir d’éventuelles carences en fer avec des régimes à base de plantes.
Femmes (menstruations)
https://search.informit.org/doi/abs/10.3316/ielapa.869732180567361
2011
Les niveaux de ferritine sérique et d’hématocrite des végétariennes ne différaient pas de ceux des non-végétariennes, avec une forte consommation d’aliments d’origine animale, mais un faible apport en vitamine C.
Les niveaux étaient inférieurs à ceux des non-végétariennes avec une consommation modeste d’aliments d’origine animale et un apport élevé en vitamine C.
https://doi.org/10.1093/ajcn/34.6.1042
1981
Le statut en fer de ces femmes végétariennes de longue date semblait adéquat malgré leur faible apport en fer facilement absorbable dans les aliments carnés.
https://doi.org/10.1093/ajcn/45.4.785
1987
Le statut en fer mesuré par la ferritine sérique était très significativement plus faible chez les végétariennes.
Les femmes végétariennes semblent particulièrement exposées au risque de développer de faibles réserves de fer.
https://doi.org/10.1080/07315724.1995.10718537
2013
Faibles réserves de fer chez des adolescentes de 14 à 19 ans
17% chez les omnivores
29% chez les végétariennes
Un statut sous-optimal en fer a été attribué à de faibles apports en fer peu disponibles dans tous les groupes alimentaires.
Enfants
https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa445
2021
Le nombre d’enfants présentant une anémie ferriprive modérée était de
0 % chez les omnivores
2 % chez les végétariens et les végétaliens
Le nombre d’enfants présentant une anémie légère était de
0 % chez les omnivores
7 % chez les végétariens
6% chez les végétaliens
Il n’y avait pas d’enfants avec anémie ferriprive sévère.
Le nombre d’enfants avec des « réserves de fer épuisées » était de
12,8 % chez les omnivores
18,3 % chez les végétariens
30,2 % chez les végétaliens
https://doi.org/10.1007/s12011-017-1003-5
2017
Les végétariens avaient un apport similaire en fer.
Les paramètres hématologiques et les concentrations sériques de fer se situaient dans la plage de référence dans les deux groupes d’enfants.
Les « taux sériques de transferrine » étaient similaires chez tous les sujets.
Cependant, les concentrations de ferritine étaient significativement plus faibles chez les végétariens que chez les omnivores.
Les concentrations de « dosage du récepteur soluble de la transferrine » sont significativement plus élevées chez les végétariens.
Étant donné que les paramètres hématologiques et les concentrations de fer chez les végétariens et les omnivores étaient comparables et que le taux de ferritine était plus faible chez les végétariens, nous suggérons que l’inclusion de nouveaux marqueurs, en particulier le « dosage du récepteur soluble de la transferrine » et l’hepcidine, peut mieux détecter une carence en fer subclinique chez les enfants suivant un régime végétarien.
>Réponse à l’article précédent
https://doi.org/10.1007/s12011-018-1241-1
2018
Nous aimerions suggérer qu’au lieu de diagnostiquer une maladie potentielle chez les enfants végétariens, les changements biochimiques pourraient être considérés comme une forme d’adaptation, dans laquelle une légère augmentation du sTfR et une double diminution de l’hepcidine, sont la preuve de changements qui augmentent l’utilisation et l’absorption du fer à partir de régimes alimentaires contenant moins de fer biodisponible.
Les enfants végétariens ont démontré un apport significativement accru en vitamine C qui peut favoriser l’absorption du fer.
En résumé, rien ne prouve que les changements adaptatifs chez les enfants végétariens dans les milieux à ressources élevées indiquent tout effet indésirable sur leur bien-être ou leur développement. Nous reconnaissons que ces enfants n’ont pas été suffisamment étudiés et nous encourageons la poursuite des recherches dans ce domaine.
https://doi.org/10.1159/000466706
2017
Un statut en fer inadéquat est un problème nutritionnel courant chez les enfants qui suivent un régime végétarien et chez ceux qui suivent un régime non végétarien, bien que le problème semble être considérablement plus répandu chez les végétariens. Le statut en fer des végétariens est probablement le résultat de plusieurs facteurs :
- La majeure partie du fer consommé par les végétariens est sous sa forme la moins biodisponible, le fer non hémique.
- Les aliments végétaux contiennent de puissants inhibiteurs de l’absorption du fer, notamment des phytates, des oxalates et des composés phénoliques.
- Bien que l’apport en fer chez les végétariens soit souvent plus élevé que chez les non-végétariens, les besoins en fer des végétariens sont environ 1,8 fois plus élevés que ceux des non-végétariens.
Ainsi, l’apport en fer chez les végétariens est inférieur à leurs besoins.
Bien que la vitamine C améliore l’absorption du fer, un apport relativement élevé de vitamine C chez les végétariens ne garantit pas un statut en fer adéquat. Il serait prudent pour les végétariens d’utiliser des produits enrichis en fer. Ils peuvent également bénéficier de l’utilisation périodique de suppléments de fer.
https://doi.org/10.1016/j.arcped.2019.09.001
Recommandation du Groupe Francophone d’Hépatologie-Gastroentérologie et Nutrition Pédiatriques
2019
Leur statut en fer doit être régulièrement surveillé afin de mettre en place au plus vite une supplémentation en cas de carence. Chez les enfants plus âgés, des produits riches en fer (soja, haricots, céréales complètes, noisettes, margarine végétale, légumes verts feuillus) avec des fruits riches en vitamine C doivent être proposés à chaque repas.
Les méthodes de préparation, de trempage, de germination, de broyage et l’utilisation de la levure favorisent l’absorption du fer.
Malgré ces préférences alimentaires, le risque de carence en fer est nettement accru chez les végétaliens.
Cependant, il est possible que des enfants et adolescents végétaliens qui ne développent pas de carence en fer présentent un polymorphisme génétique de l’hepcidine/ferroportine qui leur permet de mieux absorber le fer végétal, tandis que d’autres abandonnent le véganisme dès l’apparition des premiers symptômes de carence en fer. Cette hypothèse pourrait expliquer la faible prévalence de la carence en fer dans certaines des études précitées, puisque les végétaliens inclus dans ces études font probablement partie des individus susceptibles d’absorber particulièrement bien le fer d’origine végétale.
Un dosage systématique de la ferritine sérique est donc recommandé avant toute supplémentation en fer. Une attention particulière doit être portée aux adolescentes menstruées. Dans tous les cas, en l’absence de supplémentation, une surveillance régulière de la ferritine sérique est nécessaire.
https://doi.org/10.1186/s40348-019-0091-z
2019
La prévalence de la carence en fer peut être augmentée malgré un apport élevé en vitamine C.
Une attention particulière doit être accordée pour assurer des apports en fer plus élevés afin de compenser la biodisponibilité plus faible du fer.
https://doi.org/10.1016/j.nutres.2021.04.005
2021
La ferritine végétale en tant que source de synthèse de fer justifie une enquête scientifique plus approfondie.
Il est important de s’assurer que les apports en fer des enfants végétaliens et végétariens soient optimisés dès le début de la diversification.
Dans le cadre d’une alimentation équilibrée, les études ont montré que la ferritinémie était généralement dans la moyenne chez les enfants végétaliens et végétariens et que l’incidence des anémies par carence martiale n’était pas plus élevée chez les enfants végétaliens et végétariens que chez les enfants suivant un régime omnivore.
En dehors de tout symptôme, il n’est pas nécessaire de proposer une surveillance systématique du bilan martial aux enfants végétaliens et végétariens.
https://sante-vegane.fr/2021/02/24/fer_partie_1/#overdose
Le surdosage en fer est une cause fréquente de décès par empoisonnement chez les enfants. Les symptômes de toxicité aiguë apparaissent pour des apports en fer de 20 à 60 mg/kg de poids corporel et la mort survient à environ 200 à 250 mg/kg.